Les personnages importants

Fille d’Etienne de Mehun, elle est mariée en 1025 avec Geoffroy, dit le Normand.

Elle apporte ainsi la belle terre de Mehun, centrée autour de son château, à son époux qui est en train de constituer le domaine seigneurial de Vierzon. Trois de ses fils deviendront seigneurs de lieux historiquement importants : Selles-sur-Cher, Vierzon et Mehun.

D’ailleurs, la seigneurie de Selles a été longtemps rattachée à celle de Mehun. Béatrice pondéra les élans guerriers de son époux et transforma le château de pierre et de bois de Mehun en un édifice “à la mode”, construit sur une motte de terre, surélevant le rocher qui domine toujours la rivière de l’Yèvre.

Fille de Philippe de Mehun, Mahaut se marie au début du XIIIe siècle avec Robert 1er de Courtenay, neveu de Louis VII, roi de France et frère de Pierre II de Constantinople.

Sous son impulsion, Mehun devient une ville franche, dynamique et prospère. Avec Mahaut, s’ouvre à Mehun une période de construction, avec le nouveau château, l’extension de la collégiale et l’enceinte de ville. Un autre édifice, quelque peu oublié, est l’abbaye de Beauvoir, en limite entre les terres de Mehun et de Marmagne.

Elle comportait une vaste abbatiale aux colonnes engagées et aux chapiteaux à crochets entourée de bâtiments conventuels ; elle se dressait alors au bord de l’Yèvre et abritait les sépultures des seigneurs de Mehun.

Les Archives départementales du Cher conservent dans leur chartrier un document exceptionnel en relation avec cette abbaye et qui peut être considéré comme l’une des plus belles chartes de la région.

La petite-fille de Mahaut se marie en 1262 avec Robert II d’Artois, neveu du roi Louis IX (Saint-Louis).

De ce mariage naissent 9 enfants dont Mahaut, comtesse d’Artois, mariée à Othon 1er de Bourgogne, aînée des enfants et Philippe d’Artois, dévoué au roi qui va mourir héroïquement de ses blessures suite à la bataille de Furnes (1297).

 

Personnage clef de l’histoire de Mehun, Robert, né d’Artois, seigneur de Mehun, Champignol et Conches-en-Ouche n’aura de vue que pour les terres de son grand-père d’Artois. Terres alors entre les mains de sa tante Mahaut et qu’il revendique dans le cadre de la loi salique, pourtant inapplicable dans ce cas… De procédure en procédure, Robert en vient à produire des actes faux.

Pris la “main dans le sac”, il est banni du royaume de France ; la terre de Mehun est confisquée et revient de fait à la couronne. Le roi s’en est alors servi pour remercier des personnages importants pour leurs services envers le royaume.

 

Jean de France est le troisième fils du roi Jean II le Bon et de Bonne de Luxembourg. Il est né à Vincennes le jour de la saint André 1340 et est mort à l’hôtel de Nesle en 1416. Suite à la bataille de Poitiers en 1356 et de sa captivité en Angleterre, il prend possession de ses terres de Berry et d’Auvergne sur lesquelles il construit une quinzaine d’édifices remarquables.

Prince lettré et mécène, c’est avant tout un amoureux du beau et de l’innovation artistique. 150 ans avant la Renaissance, il va se servir de l’art comme d’un formidable levier du pouvoir. Il rassemble dans sa somptueuse résidence de Mehun des collections incommensurables, des manuscrits exceptionnels, des tapisseries et des œuvres d’orfèvrerie rarissimes.

Sous son impulsion, le château défensif de Mehun devient un foyer d’art, une résidence de villégiature entourée de jardins, de promenades et d’une ménagerie. Il ouvre l’édifice vers la cité et une élégante chapelle, dont les échos artistiques résonneront dans toute l’Europe, accueille alors ses hôtes.

A sa mort ses biens sont dispersés y compris les cahiers de parchemins que les frères de Limbourg ornaient de magnifiques et Très Riches Heures dans lesquelles une miniature, étonnante de verticalité, montre les incroyables dentelles de pierre de Mehun…

Proclamé roi dans la chapelle du château en octobre 1422 entre quelques partisans, Charles VII succède à son père Charles VI dit le fol et époux de Marie d’Anjou, fille de Yolande d’Aragon. A quatre lieues de Bourges, capitale du duché de Berry et pour un temps celle de la France, le château de Mehun, déjà modèle et centre artistique, devient un retrait face au monde politique. La belle résidence de Jean de Berry abrite désormais les derniers sujets fidèles à la cause royale.

A cette époque, la prospère cité de Mehun était pour Bourges ce que, plus tard, Versailles sera pour Paris. Raillé par les anglais, le petit roi de Bourges devient rapidement le bien servi, puis le victorieux. De nombreux actes sont passés à Mehun, mais l’un des plus importants reste certainement la remise à Jeanne d’Arc de ses lettres de noblesse.

Sous son règne, Charles relève la France, pas seulement par les batailles et la reconquête face aux anglais, mais aussi en créant les premiers fondements des grands principes économiques, militaires et administratifs de la fin du Moyen Âge. Louis XI ne fera qu’amplifier et stabiliser d’une main ferme le mouvement.

Malade et hanté par la crainte de l’empoisonnement politique, Charles se retranche à Mehun, où il passe les dernières années de sa vie ; il y meurt le 22 juillet 1461 entouré de quelques fidèles.

Statue de Jeanne d’Arc en biscuit de porcelaine - Pôle de la porcelaine

Elle passe l’hiver 1429 entre Bourges et Mehun. Jamais, elle ne logea dans les résidences du souverain, elle préférait les maisons privées, à l’écart des bruissements de la cour. A Mehun, elle logeait chez la famille Thierry, dont Renaud était le “chirurgien” du souverain.

Au mois de mai, elle venait de délivrer Orléans et revenait de faire sacrer Charles VII à Reims. Le roi lui remet, le jour de la saint Ursin, ses lettres de noblesse.

Il hésite à reprendre les hostilités et c’est sans véritable entrain qu’il autorise la reprise de la guerre. Elle est au sommet de sa gloire lorsqu’elle repart de Mehun pour son ultime bataille dans la région de Compiègne…

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La Dame de Beauté (sur Marne), courtisane respectée et officielle donna quatre filles au roi.

Elle lui a surtout redonné une certaine confiance en lui, voire une joie de vivre. Il semble bien que ce soient ses responsabilités de discrète femme d’Etat qui l’auraient jetée, en 1450, sur les routes de Normandie, à la rencontre de son royal amant alors en guerre contre les anglais.

Elle le retrouve dans les environs de Jumièges, où elle va mourir des suites d’une surdose de mercure lors de la naissance de son quatrième enfant.

Après la mort d’Agnès Sorel, le roi choisit une autre maîtresse, Antoinette de Maignelais (la cousine d’Agnès) qui sera plus une femme de courtines que de conseils.

charles de France

 

Frère cadet de Louis XI, Charles de France était duc de Berry. Prince lettré et mécène, voire artiste lui-même, il s’engage dans la ligue du bien public, en soutien des grands féodaux contre le souverain. D’une grande habileté politique, Louis XI “étouffe dans l’œuf” complot et préparation de bataille.

Charles se retrouve alors écarté des lieux de pouvoir et devient duc de Guyenne.

Il a laissé au monde un magnifique livre d’Heures enluminé au XVe s. conservé à Paris et à New-York, l’une des pages représente une scène de l’Annonciation à Marie ayant pour cadre les jardins et la belle résidence de Mehun.

Louis de Villeneuve

Pons-Louis-François de Villeneuve-Hauterive, dit François-Pons, marquis de Villeneuve est né le 11 janvier 1774 de Jean-Joseph-Marie de Villeneuve-Hauterive et de Marguerite-Rose d’Amblard. Son marquisat n’a rien à voir avec le joli village de Villeneuve-sur-Cher, mais est en rapport avec la ville de Saint-Pons-de-Thomières au pays de langue d’Oc et du soleil minervois… Promis pour une haute carrière ecclésiastique, la Révolution française vient profondément perturber les projets familiaux et, le 19 octobre 1795, il épouse Marcelline Haget du Vernon.

Il embrasse la cause royale et arrive dans le département du Cher en tant que Préfet ultra-royaliste le 16 février 1816. Animé par un fort sentiment religieux, c’est un personnage d’ordre, soucieux du développement de son département. En deux ans, il arpente les communes, fait réaliser des rapports, développe l’industrie (porcelaine à Vierzon, drap à Bourges…), conforte et construit, trace des routes, s’intéresse à la santé publique, etc.

L’un de ses actes en rapport avec la mémoire royale est le rachat des ruines du château de Mehun. Dès juillet 1816, il écrit "le château de Mehun", réduit par l’inconcevable incurie des berrichons et de leur administration, à deux tours ruineuses. Il fait arrêter immédiatement la démolition de la tour ouest, puis procède au rachat du lieu en s’appuyant sur le Conseil municipal de Mehun. Ainsi, suite à l’acte du 20 mars 1817, le 4 avril suivant la mairie de Mehun devient propriétaire du site, à charge pour elle d’y installer sa mairie. Les projets les plus incroyables seront alors dessinés et conduiront tout simplement à la réhabilitation, au plus proche de ce qu’elle était, de la tour principale. De 1886 à 1889, l’architecte Darcy dirigea les travaux qui permettent aujourd’hui d’accéder au musée Charles VII et à la terrasse du château.

En 1817, le site du château, les douves et l’actuelle place du général Leclerc devaient être un “sacré champ de ruines”. Pour y faire bon ordre et accéder correctement au château, il trouve des aides financières pour la ville de Mehun afin de créer un chantier social. C’est avec cette aide que la place a été aplanie, que les douves ont été reformées et que le pont en terre (permettant toujours l’accès au site) a été construit. Celui-ci recouvre les ruines de l’ancien pont gothique (en pierre) édifié en 1385 par les architectes du duc de Berry.

Charles-Louis-Maximilien Pillivuyt est né à Yverdon, en Suisse, en 1810. Il est le fils de Jean-Louis-Richard Pillivuyt, riche propriétaire dans le Loiret et surtout banquier, qui, sur les bases de Benjamin Klein et avec Dominique André, va développer la manufacture de porcelaine de Foëcy. En 1842, Charles est naturalisé français, puis il épouse Elise Mourgue en 1848 (dont le père avait été jusqu’à cette date, sous-préfet de Saint-Amand-Montrond) et devient maire de Foëcy en 1850. Il décède à Mehun en 1872. Soucieux de développer encore plus les productions porcelainières du Berry, Charles devient propriétaire de l’ancien fief de Reussy à Mehun et y installe en 1854 ce qui est aujourd’hui encore la plus grande fabrique de porcelaine de France.

En 1857, une nouvelle société est créée et permet de gérer les sites de Foëcy, de Mehun et de Noirlac ; les manufactures se développent et remportent de nombreux prix lors des expositions universelles et internationales ; la population mehunoise s’accroît alors énormément. Charles Pillivuyt devient maire de Mehun ; il a été l’un des rares maires de France à avoir été élu par les citoyens après avoir été nommé par Napoléon III. Il meurt en 1872, dans l’action, toujours partagé entre la politique, le social-paternalisme et le commerce de ses productions.

L’action la plus remarquable qu’il a menée au sein de sa manufacture de Mehun est incontestablement la création d’une unité dite la Spéciale. Cet atelier rassemblait des créateurs et des artistes, des techniciens et des chimistes, des peintres exceptionnels et des modeleurs remarquables… Ainsi, en déléguant aux familles Lamarre, Halot, Maquaire, Chevalier les productions exceptionnelles destinées aux grands de ce monde et en leur laissant le soin de préparer les œuvres des expositions universelles, il s’assurait une reconnaissance artistique et une renommée internationale. Parallèlement, il produisait à grande échelle des porcelaines utilitaires, culinaires, techniques et hygiéniques. Cette production employait plus de 1000 personnes au sein d’une usine moderne de 11 ha., construite entre canal et voie ferrée…

La manufacture Pillivuyt est aujourd’hui héritière de plus de deux siècles de savoir-faire et de traditions porcelainières.